Qui pense Vietnam immédiatement pense à la tunique des femmes vietnamienne, tellement élégante dans sa simplicité. Plus qu’une simple tunique, l’Ao dai est devenu un symbole dont l’histoire suit le cours des évènements marquants du Pays. Pour rappel, Ao dai – qui signifie « robe longue » - se prononce ao zaï dans le Nord et ao yaï dans le Sud.
La tunique traditionnelle vietnamienne au fil des ans
Des origines inconnues
Personne ne sait vraiment quand l’ao dai a fait son apparition, certains le faisant remonter aux années 38-42 après JC. Il aurait été introduit par les sœurs Trung , deux héroïnes qui ont mené une révolution contre la dynastie chinoise des Han, ce qui a marqué le premier État indépendant du Vietnam.
Ce que nous disent les historiens
Aujourd’hui composé d’une tunique tombant sur un pantalon de soie, l’ao dai a subi de nombreuses évolutions depuis le 17ème siècle, période pendant laquelle les experts situent sa naissance.
Au 17 ème siècle, l’ao dai fait son apparition sous une version appelée giao lanh, qui évoluera en tu than (4 pans, plus pratique pour les travaux dans les champs). En 1774, le pays est divisé en deux régions : le Nord – gouverne par la famille Trinh - et le Sud sous l’autorité du clan Nguyen. Les femmes du Nord portaient à cette époque une tunique inspirée des robes chinoises : fendue sur les deux côtés, elle présentait des manches longues et un col croisé. Pour se démarquer de son envahissant voisin tout en voulant cacher les formes suggestives du pantalon, le Seigneur Nguyen Phuc Khoat ordonna que les femmes de son peuple portent une tunique à 5 pans par-dessus un pantalon de soie. Appelée Ao ngu than, cette tenue est considérée comme l’ancêtre de l’ao dai contemporain.
Le 19 ème voit les femmes porter une tunique à 5 panneaux à l’ajustement plutôt lâche et avec la nouveauté de présenter des fentes sur les côtés – caractéristique toujours actuelle. Pourquoi 5 pans ? Les quatre pans principaux représentent les quatre parents proches de la femme, à savoir ses propres parents et ceux de son mari. Le cinquième pan, c’est elle-même. La tunique comportait également cinq boutons symbolisant les cinq principales qualités éthiques selon Confucius : humanité, politesse, fidélité, intelligence et crédibilité. Elle était aussi sensiblement plus courte qu’aujourd’hui. Apparue sous le règne de Gia Long (début 19 ème), la tunique à 5 pans était portée par les nobles pour se distinguer de la classe pauvre qui elle continuait de porter la tunique 4 pans.
Pendant la période coloniale, les Français vont influencer la mode. Fin des années 1930, une artiste hanoïenne du nom de Cat Tuong transformera radicalement l’ao ai : elle conçoit une tunique à 2 pans, rapproche le tissu du corps et le fait tomber jusqu’au sol, les boutons, le col et les manches prennent des allures occidentales, les épaules se soulèvent. Cat Tuong va aussi métamorphoser en profondeur la palette des couleurs, là où une codification très stricte imposait par exemple le jaune à décors de dragons aux rois et aux princes tandis que les reines et princesses se devaient de porter des motifs de phénix. Le rouge était réservé aux mandarins, le noir et le marrons aux pauvres et aux paysans... Depuis lors, peu de modifications ont été apportées à la sensualité discrète et raffinée de l’ao dai. L’ensemble prendra le nom de « Le Mur » reprenant la signification de Cat Tuong.
Cependant, après seulement 4 années d’existence, la tunique « Lemur » cède le pas au style Le Pho, un peintre qui a retiré toute connotation occidentale dans la conception de l’ao dai. Le style Pho a été conçu pour adoucir le dessin du col et des manches. Les pans sont longs et flottants pour suivre le mouvement de la marche, le col fermé et les boutons sur la droite. L’Ao dai de Le Pho était fait de tissu coloré sur un pantalon évasé blanc, un style apprécié et porté par les femmes vietnamiennes jusque dans les années 1950.
Ao dai et politique
Vers la fin des années 1950, les États-Unis remplacent la France comme force d'occupation, et c'est à ce moment que l'ao dai entre en politique. En 1958, Tran Le Xuan, l'épouse du conseiller en chef du président fait une déclaration de mode fracassante en portant la tunique avec des gants, un col en V et des manches courtes. Si certains ont aimé l’élégance transgressive de cet ao dai, beaucoup ont salué un mauvais gout particulièrement éclatant. Les commentaires vont bon train entre le Nord et le Sud, le sujet tourne au vinaigre jusqu’à l’interdiction du gouvernement de porter ce pur symbole de l’idéal capitaliste…
Cependant, la tunique est toujours portée dans le Sud jusqu’à ce que – toujours dans les années 1950 - deux tailleurs de Saigon produisent des Ao dai à manches raglan. C’est-à-dire une manche d’une seule pièce jusqu’à l’encolure, avec une couture en diagonale allant des aisselles à la clavicule. Cette technique permet d’enfiler plus facilement la tunique et facilite les mouvements. Cette tenue est toujours celle portée actuellement par les élèves, les étudiantes et les hôtesses de l’air en tant qu’uniforme et par toutes les femmes lors des grandes occasions : mariage et autres cérémonies officielles. Entre temps, il y aura eu – entre 1960 et 1970 - l’apparition d’un ao dai « chit eo » (serré à la taille) qui mettait résolument en valeur les courbes féminines. Les années 80 voient un ao dai revenir sur le devant de la scène avec une coupe très serrée, des manches longues moulantes, un col plus haut et un pantalon évasé.
Toujours en mouvement, parfois sage, parfois en rupture avec les codes, l’ao dai moderne reflète depuis toujours l’âme du Vietnam à travers ce qu’elle a de plus précieux : les femmes.
Trois dernières petites choses sur la tunique traditionnelle vietnamienne
La symbolique des couleurs est importante
Un peu moins aujourd’hui, mais il est tout de même de tradition de montrer son statut social via la couleur de son Ao dai. Les jeunes filles portent du blanc jusqu’à ce qu’elles murissent et revêtent alors des teintes pastel – pour peu qu’elles soient célibataires. Les couleurs plus soutenues sont réservées aux femmes mariées. Le bleu et le violet sont réservées aux cérémonies. Traditionnellement pour les mariages, la femme porte un Ao Dai de couleur rouge, bleu pour l’homme.
De toutes les matières, c’est la soie qu’elles préfèrent
A l’origine, l’Ao dai était confectionné dans de la soie, à la fois pour sa tenue légère et confortable et pour son séchage rapide.
Et pour les hommes ?
Oui, l’Ao dai était porté principalement par les hommes avant de devenir la tenue féminine emblématique que nous connaissons aujourd’hui. Cependant, il est possible que lors de certaines grandes occasions, en particulier pour le Tet du nouvel an lunaire ou pour un mariage, ces messieurs revêtent avec élégance l’ao dai, dans la grande tradition vietnamienne !
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