Au total, plus ou moins 20 000 vietnamiens de plusieurs générations ont été emprisonnées et torturées dans les cellules de Con Dao. Visite des prisons sur l’île de Con Dao, l'enfer sur terre. À part de cette histoire triste, Con Dao est une très belle ile moins touristique à découvrir, faites une excursion à l'ile de Con Dao, paradis pour un voyage de noce au Vietnam ou pour le séjour balnéaire en famille.
Selon les dossiers historiques, le 28 novembre 1861, Con Dao est devenu le territoire des français. Le 1er février 1862, l’Admiral de la flotte Bonard a signé la décision de construction d’une prison sur cette île. Désormais, un grand terrain sur cette île est devenu l’enfer sur terre pendant 133 ans.
En 2011, Lonely Planet a classé Con Dao dans le top 10 des îles mystérieuses. En mai 2012, ce centre de détention est reconnu comme le plus grand système carcéral insulaire en Asie.
Le Camp République ou le Camp Phu Hai (on garde ce nom depuis 1974 jusqu’à aujourd’hui) est le camp le plus grand et plus ancien sur l’île de Con Dao où on peut trouver toute trace de chaque époque durant sur 113 ans d’existence du centre carcéral Con Dao. Au-delà des cellules, des salles de détention commune, la cellule particulière et la cave des moulins, il y existe d’autres établissements tels que le salon de coiffure, la cantine, la cuisine, la chapelle, le stock, la cour et le jardin. Les constructions ont été faites pour éviter l’attention des Associations de droits de l’homme.
Dans le centre carcéral Phu Hai, vous pouvez visiter la chambre 6. C’est la chambre de la Mort exemplaire, où on a témoigné le plus grand nombre de décès.
Pour le système de serrure et menottes, il faut mentionner comment distinguer ceux qui appartiennent à la période d’Indochine d’autres de ceux de la période de la guerre américaine. Devant l’entrée de chaque salle commune, vous trouverez une petite boîte en fer, où sont cachées les chaînes de blocage de la grande salle selon un système compliqué. Les 4 gardiens gardent chacun une propre clé.
La prison Phu Binh composée des cellules surnommées "cages aux tigres" à l’américaine par les américains, est bâtie en 1971. Voici quelques informations sur les bâtiments construits dans aux deux époques (Protectorat français et Occupation des américains):
Des cages aux tigres construites par les français
Année de construction: 1940
Superficie totale: 5.475 m2
Superficie totale des cellules ayant des toits: 1.408 m2, y compris 120 de cellules particuliers pour les révolutionnaires dangereux.
Des cellules sans toit pour la torture en pleine journée sous le soleil et la grosse chaleur: 60 cellules.
Des cages aux tigres construites par les américains
Année de construction: 1971
Superficie totale: 25.768 m2
Superficie des cellules: 3800 m2
Chaque cellule ne mesure que 5m2, condition d’hygiène et de vie dure et extrêmement difficile. Cause de mort des prisonniers: torture, épidémie, maladie, infection. La température moyenne sur l’île est de 35 à 37oC allant dans les cellules, jusqu’à 50oC au midi.
«Les cages aux tigres» est la zone la plus horrible où les prisonniers ont subi les plus mauvaises conditions de vie (nourriture et hygiène) et des tortures les plus terrifiantes. Chaque petite cellule de 5m2 ne disposait pas de lit, les prisonniers devaient dormir directement sur le sol de ciment humide. D’autre part, ils devaient subir des tortures incessantes. Ce lieu est réservé à des prisonniers politiques reconnus comme les plus dangereux pour la République.
Les cellules sont toutes vides, sans estrade, les gardiens de prison fournissent à chaque prisonnier une boîte de toilettes en bois. Pas de lieu séparé pour le sommeil, les sales cellules sont à cause de plus en plus de maladies. Alors que sous l'occupation francaise, les prisonniers bénéficiaient d'une sorte d'estrade qui leur permettait de s'isoler - auant que possible - des miasmes ambiants. Les cages aux tigres n'avaient bien entendu pas ce "confort": on mourrait aussi bien des mauvais traitements que du manque d'hygiène et de salubrité.
Afin d’éviter d'attirer l’attention du public international, les cages aux tigres étaient construites en secret, dissociées d’autres zones. Pendant très longtemps (30 ans), on ne savait rien sur l’existence de cette zone.
En juillet 1970, un sénateur américain débarque au Vietnam dans l’intention de lancer une enquête sur les subventions du Gouvernement d’Etats Unis pour la guerre au Vietnam.
La zone “Les cages aux tigres” est bâtie pour détenir les hauts fonctionnaires du Viet Minh (Alliance d’indépendance du Vietnam), des révolutionnaires remarquants et les associés à la lutte contre des français au Vietnam.
Les cages aux style américain sont bâties en 1971, portant le nom: le Camp numéro 7 ou Le Camp de Phu Binh. À côté des cages aux tigres, il existe aussi des étables, bâties depuis 1976 comme centre de fourniture des aliments pour les gardiens de prison. Pourtant, en réalité il s’agissait d’un centre de torture et de traitement violent visé aux prisonnières. Les gardiens laissent tremper les prisonnières dans les soutes de déjections en secret.
Au mois de juillet 1970, un article rédigé par le journaliste Don Luce a été publié sur le journal “Historians against war” intitulé “The Tiger Cages of Vietnam”.
Fin 1969, début 70, de jeunes saïgonnais se sont mobilisés pour demander la libération d'étudiants détenus dans les cages aux tigres de Con Dao. Cédant à la pression, les autorités ont libéré Cao Nguyen Loi et ses amis. Il faut savoir que même en sortant des cages aux tigres, on ne pouvait en situer l'emplacement: les prisonniers avaient les yeux bandés, de manière à ce que les sites restent dans le plus secret. Mais ce jour-là, un gros orage a éclaté, semant un peu la panique dans le groupe. Plusieurs étudiants se sont mis a l'abris sous des arbres, ayant ainsi tout loisir d'examiner les lieux et de les graver dans leur mémoire.
Au retour à Saigon, ils ont dessiné un plan et essayé de contacter Don Luce – un journaliste américain qui habitait à Saigon depuis 11 ans, Directeur de l’Institut des Activités volontaires au Vietnam depuis fin d’année 1958. Il voudrait révéler ce secret au député Tom Harkin et ses collègues: Steve McQueen et Dustin Hoffman. Selon New York Times, le numéro daté 3 mars 1973, on estime qu’il y a 20.000 à 30.000 prisonniers au total à Con Dao, selon d’autres sources d’informations, ce nombre pourrait atteindre jusqu’à 200.000 personnes.
Pourtant, dans les communiqués de presse des autorités de Saigon, on a dit qu’il n’y avait que 5.000 prisonniers à Con Dao.
Lors de la visite à Con Dao, même en ayant le plan en main, la délégation menée par Tom Harkin n’arrivent pas à accéder aux “cages aux tigres”. Le conseiller du centre carcéral Frank Walton a affirmé que Con Dao était la plus grande prison d’un Etat de liberté ou Un centre de formation civique moderne. Le Seigneur de l’île Con Dao ne leur a permis pas d’ouvrir la porte d’entrée. Pourtant, en tapant à la porte avec son bâton, le gardien de l’autre côté, comme d’habitude, est arrivé et a ouvert la porte.
Par suite, Tom Harkin a pris des photos et publié sur le magazine LIFE le numéro du 17 juillet 1970. Face à la pression du public international, des manifestations, les autorités sont obligées de libérer 180 prisonniers et 300 prisonnières. Ce qui malheureusement, ne signifiait pas fin des journées sombres: les gens, victimes des tortures et choqués par des traitements extrêmement violents et des bruits terrifiants en prison devaient ensuite être hospitalisés et soignés dans les Centres psychiatriques.
Tom Harkin, en 2014, l’ancien sénateur du parti démocrate de l’Etat Iowa a encore une fois rappelé sur le journal Rollcall (rollcall.com) dans un article daté du 1er décembre 2014 que l’on peut comparer le traitement dans les cages aux tigres à Con Dao avec les violations des droits de l’homme sous l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet à Chili.
Dans la photo, Harkin écoute Cao Nguyen Loi raconter son histoire
Une des rescapées, Madame Tao, a raconté:
« Lorsque je me suis réveillée, je suis retombée tout de suite en enfer… la cage à tigre avait la forme d’un cercueil… Ils marchèrent au‐dessus de notre tête, nous étions recroquevillés, tout en bas … tout en bas. »
Elle a poursuivi: « D’autres fois, j’étais forcée d’assister aux violences effectuées sur le corps de ma sœur. »
Ce n’est qu’en 1975 que tous les prisonniers furent libérés
Les mois novembre, décembre et janvier chaque année sont appelés la saison d’évasion. La journée, en travaillant, les gens essaient de ramasser du bois. Suite à la révolution d’août 1945, 2.000 prisonniers se lèvent contre les gardiens, font des radeaux et s’enfuient et rentrent en suivant les courants de Soc Trang, la province continentale la plus proche (à 83 km de Con Dao).
Il fallait avoir énormément de courage pour s'évader, car le voyage est vraiment difficile. Et en cas d’échec, on devait subir des tortures encore pires. L’enfer de l’enfer sur l’île de Con Dao est marqué par une croix rouge sur la façade, avec une seule porte, ni fenêtre ni système de ventilateur.
Le plafond est aussi bouché par les toiles de jute afin d’éviter toute entrée de l’air et de la lumière. À l’intérieur, il y avait 5 moulins en pierre énormes, 40 à 50 prisonniers doivent travailler pour produire 200 sacs de riz chaque jour, alors que sous leurs pieds, ils portent des poids de 3 à 7 kg. Des sanctions corporelles, les fouets et le travail dur, on ne peut pas supporter jusqu’à 3 mois.
De 1962 à 1975, il n’y avait plus des moulins et des plafonds en toiles de jute, les autorités ajoutent des fenêtres, ce lieu devient une clinique. Pourtant, les patients n'y seront soignés qu'à conditions qu’ils s’engagent à changer leur position politique.
Reste aujourd'hui un lieu de mémoire souvent visité par d'anciens militaires. Et un archipel paradisiaque. Con Dao est un remarquable paradoxe: ce paradis tropical a aussi été un enfer sur terre.
Dans un autre article, vous allez voir pourquoi l'île Con Dao est-elle un paradis sur terre ?
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